Le fabuleux destin d'Élane...

Des journées pas comme les autres

Elane, mon second chien-guide

Lorsque Patty, mon premier chien-guide, a eu 10 ans, j'ai fait une demande de renouvellement auprès de l'école de Paris, Ecole qui m'avait remis Patty, une vraie révélation pour moi. Je leur avais précisé que je souhaitais un chien de même race (les goûts et les couleurs...), ils m'ont promis qu'ils essaieraient de me satisfaire dans la mesure du possible. Une petite chienne Hovawart étant entrée à l'école, j'ai eu l'occasion de la voir à plusieurs reprises puisqu'elle était chez une famille d'accueil amie. Il se trouve que cette petite chienne, Elane, était la seule Hovawart éduquée au moment où je devais permettre à Patty de prendre une retraite bien méritée à 11 ans et demie, après neuf ans de bons et loyaux services. L'école m'a donc proposé de voir si nous pourrions nous entendre pour un travail d'équipe, Elane et moi. Les pré-stages Lorsque cela a été possible, j'ai donc effectué des pré-stages avec Élane. Tout d'abord l'éducateur, William, voulait voir si le rythme de marche me convenait, si Élane était d'accord pour me guider, si elle était attentive à mes consignes,... puisque je la connaissais déjà un peu, le lien s'est rapidement établi. J'ai senti dès le second pré-stage qu'Élane était attentive à me faire plaisir, qu'elle attendait mes réactions... Elle faisait bien attention à me faire éviter les obstacles, ne semblait pas indifférente à mes évaluations... Il y a eu en tout quatre demi-journées de pré-stage, une par semaine. En parallèle avec les demi-journées de pré-stage, Élane est venue passer ses week-ends à la maison, ce qui m'a permis de constater qu'elle s'habituait très bien à notre environnement familial, à Patty que je garde pendant sa retraite, que le feeling passait très bien entre nous et qu'elle m'avait agréée comme maître potentiel. Après que William ait pu vérifier que les conditions requises d'adaptation mutuelle étaient réunies tant sur le plan relationnel que du point de vue de la motivation au travail, nous avons pu envisager d'effectuer le stage de remise.

Le stage de remise

Ce stage se passe en partie à l'école et en partie à domicile. A l'École une piste adaptée permet de simuler un parcours sur lequel on peut faire varier la quantité et la nature des obstacles. Ensuite les obstacles réels sont travaillés en ville. A domicile pour aborder les trajets que le chien sera amené à effectuer le plus souvent en insistant sur les points délicats de ces trajets. Afin de ne pas gêner la nouvelle équipe les paparazzis n'ont pas été autorisés à suivre la remise. Ce sont donc des « collègues » d'Élane en cours d'éducation qui illustreront les différentes situations

	- Signaler «les lignes» (passages piétons) en m'asseyant un peu en retrait de la bordure de trottoir et attendre sagement qu'Olivia me dise de traverser même si la voie est libre, même si d'autres personnes traversent. Je serai vexée qu'on me compare à un mouton qui suit sans réfléchir...
	- Pour descendre du trottoir et remonter de l'autre côté je marque un temps d'arrêt à cheval sur la bordure pour qu'Olivia situe l'emplacement de la marche et sa hauteur.
	- Lorsqu'il y a un obstacle sur le trajet que l'on pourra enjamber je le signale en m'asseyant, puis quand Olivia l'a identifié et me donne l'ordre de passer, je place mes pattes de devant de l'autre côté et attend qu'elle soit passée pour continuer mon chemin.
	- Les escaliers, attention dangers ! Je m'assois devant puis sur ordre je mets mes 2 papattes de devant sur la marche pour bien indiquer son emplacement et sa hauteur et j'attends l'ordre suivant pour monter ou descendre. Pour les escalators c'est un peu différent il ne faut pas s'asseoir. Comme j'hésite un peu afin de choisir la meilleure marche maîtresse ne risque pas de la rater... Mais souvent les gens s'impatientent derrière moi. Pour tout vous dire je n'aime pas vraiment ces escaliers mais cela fait partie de mon travail.
	- Contourner tout ce que les bipèdes laissent trainer sur les trottoirs (poubelles, vélos, motos...) mais aussi les poteaux qui surgissent un peu partout pour me compliquer le travail ! William m'a appris à regarder loin devant moi et anticiper les obstacles en laissant de la place à ma droite pour que maîtresse puisse passer donc pas de problème. J'ai plus de difficultés avec les passants qui se déplacent, ne regardent pas où ils vont et changent brusquement de direction.
	- Prendre des décisions lorsque l'obstacle empêche le passage (voiture abandonnée par un conducteur «distrait» qui confond trottoir et parking, barrière de chantier,...). Le contournement doit alors se faire par la route avec tout ce que cela implique.

Lors de ce temps de remise, je me suis familiarisée avec le comportement d'Élane qui est, bien-entendu, différent de celui de Patty; en particulier avec sa façon de me signaler les obstacles, de prendre des initiatives ou d'attendre des ordres afin de réagir en conséquence. Avec l'habitude Patty anticipait de loin le contournement des obstacles, Élane a encore tendance à hésiter afin de trouver la meilleure solution. Ceci étant acquis sur la piste de l'école, nous sortions pour des parcours dans la rue, avec des obstacles urbains susceptibles d'être rencontrés quotidiennement au cours des futurs trajets que je devrais accomplir avec Élane. C'est ainsi que je lui indiquais mon degré de tolérance auquel il faudra qu'elle s'habitue également (par exemple les branches dépassant des jardins qui effleurent le visage, les personnes frôlées sur les trottoirs...).

Pendant toute la durée du stage, j'ai été surprise par sa maturité malgré son jeune âge : son aptitude au travail, sa bonne obéissance, sa capacité à être attentive aux ordres et à s'améliorer sur les points pour lesquels elle avait été reprise... Je me suis très rapidement sentie non seulement à l'aise, mais en confiance avec elle, j'avais cette impression qu'elle prenait bien en charge ma sécurité. Au fur et à mesure que les jours passaient, elle était moins en recherche de l'approbation de William même si elle n'a jamais vraiment oublié sa présence. Les premiers temps elle pouvait aller jusqu'à se retourner lors des trajets pour voir s'il était bien là, puis, petit à petit j'avais l'impression qu'elle se concentrait davantage sur ce que je lui disais. Elane est mon second chien-guide, néanmoins, beaucoup d'éléments changent : elle est plus grande, sa démarche est différente de celle de Patty. D'un caractère plus souple, elle a moins tendance à "m'imposer" ses décisions, elle est donc plus à l'écoute de mes indications mais prend moins d'initiatives. La traction exercée sur le harnais est différente mais aussi son degré de concentration et sa capacité de continuer à bien travailler alors que son attention est attirée par un point de l'environnement ou par un congénère...

Pendant ce stage très intense sur le plan du travail et des émotions, Élane s'est montrée une élève attentive, même en fin de journée quand cela devenait de plus en plus difficile, restant concentrée sur son travail lors du passage de congénères, donnant bien toutes les indications nécessaires, répondant bien aux consignes... Ses deux petits points faibles (puisqu'il en faut bien un peu tout de même), restent une petite appréhension des escalators, et, au début, le fait qu'elle avait tendance à frôler de trop près les passants. Elle ne devait pas les considérer comme des obstacles très dangereux si bien qu'elle ne les contournait pas assez; ce point s'est bien amélioré aujourd'hui après deux mois de trajets ensemble!