1999

Une invitée de coeur

35 Chiots, 50 familles d'accueil, 34 chiens guides remis

En 1999, l’École a accueilli Yuuki, qui allait devenir le premier Bouvier des Flandres chien guide en France. En acceptant de relever ce défi, l’École de Chiens Guides allait réaliser le rêve d’enfant de Jean-Noël, devenu aveugle des suites de sa séropositivité.
Jean Noël et Yuuki
Au fil des mois se mettra en place une longue chaîne d’amitié, commencée en Belgique, d’où est originaire Yuuki ; puis, Jean-Noël réussira à entrer en contact avec Line Renaud et son association Ensemble-Contre-le-Sida. Touchée par son histoire et sa détermination, Line Renaud acceptera de devenir la marraine de Yuuki et l’association ECS financera intégralement la formation de deux chiens guides, dont Yuuki, destinés à des personnes ayant perdu la vue à cause du VIH. Après avoir invité Line Renaud à visiter l’École, Yuuki et Jean-Noël participeront avec elle, l’année suivante, au lancement du disque “Noël Ensemble” dans l’émission “30 millions d’amis”, afin de récolter des fonds pour la lutte contre le Sida.
JEAN-NOËL PLANTAT-RIGAL



Monsieur et Madame MASSON

Mr et Mme Masson avec Koga
Lorsqu’un certain jour de septembre 1997, notre petite chienne Beagle nous a quittés, nous nous étions promis de ne pas la remplacer. Il a fallu que nous découvrions l’École pour que nous nous laissions tenter de devenir famille d’accueil. En mai 1999, avec Poona, petite boule Golden sable, notre première expérience commençait. Avec l’aide et les sages conseils des éducateurs, nous avons réussi à mener à bien notre tâche. Quatorze mois après, le jour de la séparation est arrivé. Bien sûr depuis, nous avons enchaîné avec sept chiens, dont Koga, qui à son tour, a eu des chiots. Nous attendons avec impatience notre prochain chiot, peutêtre un bébé de Koga !
Famille d'accueil


Loxley, un chien guide qui s'est découvert une nouvelle vocation

Loxley, chien thérapeute!



Loxley, mon grand Golden couleur d’automne, qui me guidait chaque jour à mon travail dans un hôpital psychiatrique, a découvert sa vocation de thérapeute au fil des jours. Installé dans l’espace qui lui était assigné, il observait, il regardait. Assis ou couché, les pattes croisées, les yeux mi-clos, il était attentif à tout ce qui se jouait dans la salle de thérapie.
Loxley fut un chien merveilleux, mais surtout il a accompli une véritable fonction de thérapeute. Est-ce possible, me direz-vous ? Ce n’est qu’un animal ! Et pourtant! Il m’a accompagnée tout au long de ces années dans mon travail de psychanalyste. J’aidais des enfants psychotiques, autistes, à vivre autrement leur différence. Loxley était là, le regard posé sur moi, attentif à mes gestes et à ma voix. Calme avec sa tête de gros nounours, son regard brun de miel, apaisant, semblant rêver, il attendait. Quand les hurlements de mes petits patients étaient insupportables, il se levait, s’ébrouait, puis s’allongeait de tout son long, bruyamment ! Surpris, l’enfant le regardait, hésitant, puis s’approchait de lui et posait sa main sur son flanc, lui tirait les poils ou les oreilles (je veillais cependant à ce qu’on ne lui fasse pas mal). Samir, petit bonhomme de quatre ans, sans parole, sans regard, perdu dans son monde, restait figé, immobile. Un jour, il entre dans mon bureau pour sa séance. Tout à coup il voit le chien, masse imposante étendue, couverte de poils soyeux, décontracté. Il s’approche en titubant, s’arrête, se met à hurler et fonce sur Loxley. Il se précipite, s’enfouit dans ses poils. Avec ses petits poings, il martèle doucement son dos. Mon grand chien reste impassible, ses grands yeux mordorés suivent les mouvements de ce petit garçon enveloppé d’angoisse et sans parole. Je me rapproche, je murmure quelques mots, je caresse mon Golden tranquillement, sans hâte, je m’assieds par terre, j’attends. Les hurlements de Samir se calment. Je prends sa main, je la guide avec douceur dans la découverte du corps de Loxley. Le chien se laisse faire, parfois il frétille, ou lèche la petite main. Ce léchage furtif, chaud, un peu baveux, laisse Samir indifférent au début.

De séance en séance Loxley devient l’accompagnant de Samir ; celui-ci se love dans le ventre du chien, il pose sa tête sur son cou. D’agité, Samir devient calme. Au fur et à mesure des séances, Loxley apprivoise le petit garçon, celui-ci va directement vers le chien, il le palpe, se frotte à lui. Certaines fois, quand Samir est très agité, ce contact le calme, il se laisse tomber entre les pattes du chien. Alors Loxley se couche tout contre Samir, et ils s’endorment. Le visage de Samir se détend, parfois un petit sourire flotte dans l’air. Les deux compères respirent à l’unisson ! Toute souffrance, toute crispation ont disparu du visage de mon petit patient. De séance en séance Samir devient plus actif, il explore les oreilles de Loxley, sa queue, ses yeux, il se fait lécher les mains, parfois le visage. Puis un jour il met sa main dans la gueule du chien ; impassible Loxley le laisse faire. Bien sûr je commente, j’interprète. Je caresse l’enfant et le chien. Des mois passent, Samir entre maintenant dans le bureau de thérapie d’un pas calme, son regard cherche le chien. Il le voit, il s’en approche et commence chaque séance par un moment lové dans la chaleur du chien. Rassuré il peut travailler, jouer avec le matériel de thérapie. Il progresse dans sa relation à l’Autre. J’existe, il existe. Samir a mis longtemps à s’éloigner de Loxley, à trouver la bonne distance. Tout se passait dans un corps à corps avec l’animal, nous étions tous les trois assis sur le sol. Loxley se soumettait aux désirs de Samir, mais quand Samir était un peu trop brusque, Loxley secouait la tête, la levait ou la baissait. Je racontais à Samir ce que lui disait mon co-thérapeute. Une grande tendresse, de la complicité a jailli de ce corps à corps, de cette expérience, de cette rencontre. Le petit Samir prenait de l’autonomie, il commençait à émettre des onomatopées. Puis un jour, triomphalement, Samir a crié en prenant ma main et de l’autre pointant son index vers son ami. Il a dit : “Chien !” puis il s’est allongé à côté de lui.

Aujourd’hui Samir parle, il va à l’école. Bien sûr tout n’est pas gagné. Loxley le thérapeute a permis à certains enfants de sortir de leur isolement, de leur mutisme. Il aimait les enfants, Loxley, il les respectait, il les regardait. Mon co-thérapeute avait compris, je l’imagine, que les enfants qui sont dans une telle souffrance psychologique ont besoin avant tout d’être écoutés, touchés. Que les mots prononcés par la psychanalyste permettaient ce lien entre le corps, la vie psychique, les trous, les vides, et le plein de vie.

Merci ami Loxley, nous avons appris à travailler ensemble !
MAUDY PIOT, PSYCHANALYSTE



Melle Abonneau et Axis, prêt à indiquer la boite aux lettres à sa maîtresse devant le fleuriste 'Bleuets et Coquelicots' rue de la Grange aux Belles
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